Megavirus, le géant du monde microscopique

En 1992 l’un des chercheurs français les plus renommés, Didier Raoult, découvrait l’un des plus gros virus connus. Il présentait encore son travail lors d’une conférence que nous avons eu la chance de suivre au congrès national de la société française de microbiologie à Marseille. Et quel travail ! une remise en cause de la biologie telle quelle est classiquement vue et enseignée ! un coup de pied dans la fourmilière qui fait toujours du bien!

Et aujourd’hui encore  le laboratoire de Jean-Michel Claverie, l’un de ces collaborateurs, vient de découvrir un de ces mégavirus encore plus impressionnant. Commençons sa dissection:

Megavirus chilensis a été découvert au large du Chili par l’équipe du laboratoire Information génomique et structurale (IGS) de l’université de Marseille. Il est décrit comme étant un parasite des organismes unicellulaires composant le plancton.

Alors qu’une bactérie comme E. coli à un diamètre de 800nm, le virus de la grippe 80nm seulement, ce nouveau Megavirus chilensis mesure 440 nanomètres de diamètre, autant dire qu’il est de taille à être visible sur lame de microscope! Il possède environ 1120 gènes dans son ADN de 1,26 million de paires de bases, quand la grippe n’en a que 0,013 millions… Megavirus chilensis est donc le plus gros virus jamais découvert devançant de peu le Mimivirus de Didier Raoult.

Jusqu’à ces découvertes on décrivait les virus comme de petites particules presque inertes incapables de se reproduire seules, et ils ne sont pas considérés comme étant des organismes vivants à part entière. La multitude de gènes retrouvés chez les mégavirus est embêtante pour ces anciennes théories car si les virus sont si simples pourquoi ont-ils autant de gènes et à quoi servent t’ils?

En particulier certains gènes n’avaient jamais étés retrouvés chez les virus comme des gènes codant pour la production d’ARN transporteurs synthétases permettant la synthèse des ARNt qui jouent un rôle dans l’acheminement des acides aminés aux ribosomes.

Mimivirus et Megavirus ont 594 gènes en commun et seraient selon les auteurs des descendants d’organismes unicellulaires marins très anciens, et donc des êtres vivants selon la classification actuelle. Les virus représenteraient donc un nouvel empire du vivant au même titre que les eucaryotes (animaux, plantes) et les procaryotes (bactéries).

Un nouveau beau travail des chercheurs en blouse blanche de Marseil/Luminy publié dans la prestigieuse revue PNAS.

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